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Futurs du monde islamique; étude du futur
09/07/2006 22:44
Un hadith du Prophète dit : "L'Islam efface ce qui précède", c'est-à-dire le fait qu'un individu embrasse la religion musulmane lui donne deux particularités: la première c'est que l'Islam lui efface tous les pêchés précédents parce qu'il n'y a plus besoin d'y revenir afin de s'intéresser à l'avenir. La deuxième c'est la responsabilité que l'Islam fait assumer à l'individu ce qui va advenir, c'est-à-dire l'encourager à s'intéresser à son avenir et à ses aspirations futures. Le verset coranique qui dit : "Que chacun considère ce qu'il a préparé pour demain" est à cet égard édifiant.
Ces remarques préliminaires ne visaient qu'à dissiper tout malentendu et éviter toute interprétation de l'Islam qui le rejetterait dans le fatalisme où la personne et la société ne seraient plus maîtres de leurs destins. Pour que nous puissions faire face aux défis du futur, nous devrions d'abord procéder à un grand nettoyage de nos cerveaux, comme le disait, il y a 40 ans, le Cheikh Mohammed Belarbi El Alaoui : "Nos têtes ressemblent à un grand dépôt d'ordures qui a besoin d'énormes moyens de nettoyage pour devenir propre et purifié de ces déchets".
Les études du futur représentent un phénomène assez récent qui date de la fin de la Deuxième Guerre Mondiale. Les premiers travaux de prospective étaient entrepris par la Rand Corporation pour le compte du Pentagone des années 1946. C'est pour cela que l'on trouve un lien assez étroit entre les études stratégiques et les études de prospective.
Ce n'est que vers la fin des années 1960 que les études sur le futur ont pris un véritable départ. Mais même à ce jour près des deux tiers des recherches sur le futur sont menées soit par le secteur militaire soit par les firmes multinationales. On retrouve ainsi le même phénomène que celui qui prévaut dans le domaine du financement de la recherche scientifique.
Elles ont pris un très grand essor dans les pays industrialisés, sur les plans de la formation, de la documentation, de la recherche et des applications concrètes. Près de 97% des dépenses totales sur la recherche prospective s'effectuent dans ces pays et moins de 3% dans le Tiers-Monde qui compte 80% de la population mondiale.
La sous-estimation de l'importance stratégique du futur est un des symptômes les plus aigus du sous-développement. Il est toujours difficile de faire comprendre une règle bien simple qui veut que plus un phénomène est grave, intense et urgent, plus sa solution réelle dépend d'une vision à long terme. Le développement commence lorsqu'une population se donne les moyens de réfléchir sur son futur en cherchant un consensus sur des projets de société.
Les études du futur ne constituent pas une science même si leurs méthodologies ont recours à plusieurs sciences exactes et sociales. Il s'agit d'étudier, avec une démarche ouverte, en retenant des alternatives et des choix, les diverses évolutions d'une situation donnée et les conséquences possibles de telle ou telle décision sur ces évolutions. C'est pourquoi on parle toujours des futurs et non du futur. Le but essentiel est de définir des objectifs désirables et de voir comment on peut les rendre possibles à moyen ou long terme en agissant sur le présent.
Lorsqu'on demanda à Einstein pourquoi il s'intéressait au futur, sa réponse fut bien simple, "parce que j'ai l'intention d'y passer le reste de ma vie".
Une fonction principale des études du futur a trait à leur mission pédagogique car elles transforment les structures mentales et contribuent à la réduction du décalage entre la rapidité du développement technologique et le temps nécessaire pour l'assimiler d'une façon utile en évitant ses retombées négatives.
J'ai toujours souligné la nécessité impérieuse de la culture et des valeurs dans le développement. Il est évident que l'Islam en tant que force de changement et d'innovation jouera un rôle prépondérant dans notre évolution puisqu'il existe de nos jours un retour volontaire aux valeurs spirituelles, particulièrement chez les jeunes.
Il est également évident que si la jeunesse musulmane retourne actuellement aux sources, c'est pour retrouver des valeurs endogènes pour guider ses pas. L'avenir escompté par le monde arabe et musulman passera nécessairement par un renouveau de l'Islam -un Islam de recherche (Ijtihad) et non l'Islam des imitations qui a été à l'origine de l'effondrement de notre civilisation et qui s'est progressivement éloignée de sa mission d'innovation et de créativité. Si le Prophète Sidna Mohammed et ses Compagnons n'avaient projeté l'avenir, il n'y aurait peut-être pas actuellement 1 milliard 200 millions de musulmans dans le monde.
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